Randonnées en forêt, repas marcaires et autres délices roboratives au bord du lac de Gérardmer.

Il y a cent cinquante ans, la bonne société française, belge et luxembourgeoise venait déjà en villégiature à Gérardmer, dans les Vosges. Et ce n’est pas un hasard si la capitale du bois de charpente et du linge de maison a vu naître le « comité des promenades », ancêtre du premier office de tourisme : dans cette vallée glaciaire sillonnée de cascades aux noms évocateurs comme le saut de la Bourrique ou le saut des Cuves, il est difficile de résister à l’appel de la randonnée. À pied, à cheval, en VTT, à ski ou en raquettes. En été, quand le lac se couvre d’une flottille de pédalos, les marcheurs s’enfoncent dans la fraîcheur des forêts de sapins pour s’enivrer de senteurs

de mousse et de résine. À la tombée de la nuit, ils se retrouvent dans les auberges des crêtes autour du fameux repas marcaire. Les marcaires étaient ces agriculteurs qui avaient entrepris de défricher les sommets vosgiens. Leur menu traditionnel ne pouvait être que roboratif : tourte à la viande, collet de porc fumé accompagné de roïgebrageldi (des pommes de terre très rissolées), munster et enfin tarte aux myrtilles, qu’on appelle ici brimbelles. Le tout arrosé d’un riesling ou d’un pinot noir, car les beaux vignobles d’Alsace sont tout proches.
L’hiver, Gérardmer s’emmitoufle et on y goûte la chaleur simple des stations de moyenne montagne. Le domaine skiable de la Mauselaine fait pistes combles, tandis que les plus téméraires s’initient à la plongée sous la glace du lac. Fin janvier, c’est Fantastic’Arts, le grand rendez-vous du cinéma étrange, d’horreur et de SF. Successeur du célèbre festival d’Avoriaz, l’événement, soutenu par la Région, a réussi à déplacer dans les Vosges des acteurs et réalisateurs de légende, avec parfois un sens très sûr de l’à-propos. Au pays des bûcherons, quoi de plus logique, par exemple, qu’une rencontre avec Tobe Hooper, le réalisateur du mythique Massacre à la tronçonneuse ? Un homme, soit dit en passant, tout à fait charmant…
Pour accueillir ce beau monde, les meilleurs hôtels et auberges de jeunesse offrent aujourd’hui tout le confort que peut exiger une clientèle international qui en profite pour faires des courses dans les outlets du coin. Bref, le faste des stations les plus huppées des Alpes, mais avec un sourire qui n’a rien, lui, de saisonnier.